Distance Dénivelé + Dénivelé - Durée Altitude de départ Altitude maximale |
11,11km 843m 812m 6h24min 1 630m 2 314m |
Je vous embarque avec moi aujourd'hui en France, direction les Hautes Alpes.
Il y a certains lieux comme celui-ci pour moi, qui a la vocation de nous ramener 20 ans en arrière, faisant remonter à la surface des souvenirs que l'on pensait oublié.
Ces endroits où l'on se sent comme à la maison, juste à notre place et qui nous rappelle des moments de bonheur, d'autres plus douloureux, et dont l'on souhaite y faire renaitre de nouveaux avec des personnes qui comptent pour nous juste à cet instant.
Cette sensation étrange dont le vide peut nous emplir et nous apaiser, comme si cet endroit à toujours fait partie de nous.
Ces lieux dans lesquels nous pouvons revenir plus d'une centaine de fois, été comme hiver, (Vous pouvez observer quelques clichés réalisé l'hiver dernier ici : Au fil de l'hiver), le même émerveillement persistant comme si c'était éternellement la première fois.
Ainsi, nous partons direction Réallon, petite station des Hautes Alpes situé à quelques kilomètres de la ville de Gap et à seulement 2h de Marseille, accessible également en train depuis Paris.
C'était la fin Mai, le plaisir des ponts à cette période et en profiter pour s'évader au grand air, à la montagne.
- Il est temps de se mettre en route. Un sentier de terre débute sur la droite au-dessus du parking de la station, suivant la courbe de niveau, boisé et ombragé par de hauts sapins. Après la fonte des neiges, la végétation a repris ses droits laissant apparaitre de nouvelles aiguilles verdoyantes. Les arbres et plantes environnantes sont encore imprégnés de leur rosée matinale.
- Indiqué par une pancarte, le sentier se poursuit sur la droite, montant à travers la forêt sur près de 1,2 km et 178m de dénivelé positif.
Au bout d'1 km, notre marche fut désorientée, l'abattage des arbres pour la construction d'une ligne électrique avait malencontreusement fait tomber le panneau indiquant la direction à suivre. Évidemment, nous avons continué d'avancer dans la mauvaise direction, cependant ayant une connaissance approximative de la direction à prendre, un coup d'œil à la carte glissée dans le sac avant le départ se révéla bien utile pour confirmer cette intuition et nous voilà reparti.
Même de nos jours où la technologie est omniprésente, savoir lire une carte est primordial, lorsque l'on souhaite s'aventurer en montagne, lorsque l'on a du mal à se repérer ou que le GPS tombe malencontreusement en panne ou s'éteint inopinément. Les Others ont rédigé un article à ce sujet, qui vous expliquera bien mieux que moi, les ficelles afin de se repérer et de servir d'une carte, vous serez ainsi intarissable sur le sujet Les Others - S’orienter en randonnée : comment lire une carte IGN ?)
Vous arriverez ainsi aux abords d'une clairière, le feuillage des arbres laisse passer avec un jeu de transparence les rayons du soleil révélant par endroit la vivacité verte de l'herbe et des arbres environnants. Le Mont Guillaume (2 542m) et la Tête de Chante-Pedrix (2 719m) se dressent à l'Est irradiés par la lumière éclatante du soleil.
- Les derniers mètres restant avant d'attaquer l'arête surplombant le Lac de Serre-Ponçon sont imminents et se profilent à l'ombre des mélèzes. Les crêtes s'étendent sur 1,48 km de long et grimpent sur 227m. La montée s'effectue facilement, nous resterons tout au long en courbe de niveau. La vue sur le lac rend la montée encore plus agréable, d'un bleu presque turquoise, et par son bas niveau qui redessine les contours du sol en y faisant ressortir un doux mélange de bancs de terre et de sable.
- Après une pause café à la table d'orientation (2 147m), le temps d'admirer le paysage et de reprendre quelques forces avant d'attaquer l'ascension des Aiguilles de Chabrières.
En cette période peu de monde est présent sur les sentiers et nous pouvons profiter de ce calme omniprésent.
Pour ce tronçon, il nous reste 181m de dénivelé positif sur 1 km. Le chemin s'étrécit, des plaques de neige n'ayant pas eu le temps de fondre persistent par endroit.
Tout du long, le sentier surplombe le Lac de Serre-Ponçon et monte régulièrement. Le rythme s'intensifie, nos pas s'enfoncent au pied des Aiguilles avec ces impressionnants blocs de pierres nous surplombant.
Un pierrier doit être traversé avant d'attaquer la dernière partie, plus périlleuse permettant d'atteindre la "dent". Petit conseil, si vous disposez de bâtons, c'est le moment de les sortir, ils pourraient vous être d'une grande aide.
Après quelques prises faciles dans la roche, nous voilà sur le sommet de la "dent" pour profiter d'une pleine vue à 360 sur la vallée et les montagnes environnantes. Nous pouvons désormais laisser ce sentiment de liberté et de plénitude nous envahir.
Tournez la tête de L'Est vers le Sud, vous apercevrez la station des Orres, Le Pouzenc (2 898m), Le Pic du Morgon (2 324m), Dormillouse (2510m) et en contrebas le Lac de Serre Poncon. A l'Ouest, derrière la crête se trouve le Col de la Fourche (2 303m). Et au Nord-Ouest, en contrebas se trouve les Oucanes, entourée en arrière-plan par Le Col de la Gardette (2 125m) et la Pousterle (2 506m) avec l'entrée du Parc National des Écrins.
- Afin de poursuivre notre route, nous devons maintenant contourner les Aiguilles par le Sud-Ouest en passant par les Oucanes, et c'est là que tout se compliqua.
Plus communément nommée en géologie "Lapiaz", il s'agit d'un plateau calcaire qui fut érodé dans le temps à la suite du ruissellement des eaux de pluie, ou encore du gel ou dégel formant des fissures. Les Oucanes s'étendent sur 8ha, formant des crevasses rectilignes de 10 à 155m de longueur et pouvant aller jusqu'à 25 m de profondeur.
Ce versant étant moins exposé aux rayons du soleil, la neige de l'hiver passé avait perduré, recouvrant partiellement ces plaques de karst et ne laissant pas la possibilité de distinguer les crevasses.
Nous décidâmes malgré tout d'essayer de continuer notre avancée en passant au plus près des aiguilles afin de sécuriser notre marche. Le sentier était inexistant car enseveli sous la neige, nous avançons à tâtons, traversant des profondes plaques de neige, il devait être aux alentours de midi, nos pieds s'enfonçait désormais dans la neige, sa texture s'étant modifié avec la température ambiante.
Il était temps de prendre une décision, continuer ou renoncer en faisant marche-arrière, si l'on continuait cela pouvait s'avérer être dangereux.
La voix de la raison nous poussa à revenir sur nos pas et à rejoindre la brèche.
En montagne, il est nécessaire de savoir écouter, écouter l'environnement qui nous entoure et apprendre à comprendre ce qu'il nous dit. Ce n'est pas toujours évident de prendre des décisions, mais nous nous devons rester humble devant la nature et savoir renoncer. Il est important de ne pas concevoir cela comme un échec ou une frustration, mais de savoir se mettre en sécurité lorsque cela est nécessaire et de recommencer à nouveau lorsque les conditions nous le permettrons.
Savoir renoncer n'est pas chose évidente, car c'est accepter d'aller à l'encontre de ce que l'on avait décidé à un moment antérieur, c'est devoir modifier notre parcours, mais la récompense ne sera que plus belle. C'est aussi découvrir ce dont nous sommes capables, de tester et connaitre nos propres limites devant un environnement complètement hostile et incontrôlable.
- Nous voilà de retour au niveau de la brèche afin d'effectuer le retour, et de redescendre les 181m de dénivelé grimpé seulement quelques minutes auparavant. Le premier passage reste un peu raide, ne faites pas comme moi, regardez où vous mettez vos pieds et faites attention à ne pas glisser.
Au niveau de la table d'orientation, prenez le chemin descendant sur la droite, plutôt large et très rocailleux, c'est une piste de luge l'hiver. Le soleil se réverbère sur les cailloux et la chaleur enivre notre peau. Après 231m de dénivelé négatif et près de 1,5km supplémentaire parcouru, il est temps de faire la meilleure des pauses de la journée en randonnée, pique-nique, face à Le Piarra (2 633m), Roche Méane (2 651m), Revire Souléou (2 717m).<
- Les 3 derniers kilomètres avant de retourner à la station s'annoncent plus calme et boisés, contournant un point d'eau, ressemblant fortement à un lac mais ce n'est autre que la réserve d'eau de la station. Après les 840m de montée, il est agréable de marcher dans un environnement moins aérien et d'arriver par l'autre côté de la station au milieu d'un tapis de fleurs blanches sauvages.
Faire l'itinéraire prévu initialement en contournant les Oucanes par l'Ouest-Nord. Vous pouvez également rejoindre le GR50 qui descend au village des Gourniers et le remonter ensuite pour rentrer à la station de Réallon.
Qui a dit qu'on en avait "plein les pattes", direction en voiture Les Gourniers (à 6km de la station) pour faire un tour dans le village et y découvrir la Marmite du Géant.
Nous reviendrons peu avant que la nuit tombe à la station de Réallon, empruntant le sentier de Joubelle pour manger un bout en y admirant le coucher du soleil.
Trop cool
Ça donne envie
Mais plus tard après le confinement
Récit super qui donne envie!
Thank you for addressing this!! I saw all this yesterday, and I appreciate your honesty! Love your stories and will continue to applaud your talent. Jessi Brant Iveson