| Distance Dénivelé + Dénivelé - Durée Altitude de départ Altitude d'arrivée |
6,41km 437m 413m 3h03min 2 924m 3 151m |
Ce qui est fascinant dans les Dolomites, c'est cette architecture montagnarde. Les cimes se dessinant dans le ciel et le découpant au loin. Un panorama à 360° contrastant à la fois avec ses dents de roches et en contrebas les plaines si vertes et paisibles.
Une pluie fine ne cessait de tomber depuis le début de la matinée dans la vallée, s'interrompant de temps à autre afin de laisser place à une éclaircie.
Arrivée dans l'après-midi à Passo Pordoi (2 239m), d'épais nuages persistaient à s'accrocher aux sommets dissimulant leurs cimes.
Le téléphérique permettant l'arrivée à Sass Pordoi (2 950m) disparaissait dans le brouillard, pour réapparaitre entre deux éclaircies.
J'apprécie particulièrement en montagne, cette atmosphère humide mais à la fois pleine de légèreté, où l'on doit juste attendre et laisser le temps se dégager afin de pouvoir monter au sommet. C'est un peu comme si le temps restait là en suspens, comme ces nuages.
Comme prévu, le lendemain le temps était au beau fixe. Il était temps de monter au Sass Pordoi, pour aller voir de plus près ce qui se trouve là-haut, juste au-dessus de ces parois vertigineuses et ces blocs de roches perpendiculaires.
L'accès par téléphérique est de 19,50€ A/R par personne, pour les plus téméraires un sentier est disponible partant du parking de Passo Pordoi vers Saas Pordoi, soit une montée de +711m.
- Embarquant à bord du funiculaire, s'élevant lentement au-dessus de la roche, partant de 2 239m pour atteindre 2 950m. Arrivée à Saas Pordoi, une vue à 360° s'offre à nous, au Sud, le glacier et sommet de Marmolada (3 343m), le Gran Vernel (3 210m) sur sa droite.
A l'ouest se trouve Sassolungo (3 182m), faisant partie de la prochaine étape de la journée, et Piz Ciavazes (2 836m) comprenant des particularités montagneuses; cette paroi brute, tranchante, ce bloc vertical coiffé de petits sommets, le rendant si atypique.
A l'Est, on aperçoit le Piz Boè (3 151m) qui nous attend pour son ascension. - Le sentier prend naissance sur la droite à la sortie du téléphérique, ce large plateau tapissé de roches blanches (dolomies) et entouré de sommets plus ou moins hauts oscillant dans un simple dégradé de gris et blanc. Sur ces hauteurs, aucune végétation n'a résisté.
- Le sentier descend dans les rochers sur 700m pour atteindre Il Rifugio Forcella Pordoi (2 848m). Descendre pour mieux remonter un peu plus tard. On peut apercevoir au travers de la brèche sur la droite, le sentier provenant de Passo Pordoi avec ses raides virages en épingles. Cette atmosphère calcaire rend la marche complètement déconcertante sans repère précis dans l'espace.
- Dépassant le refuge, le sentier se poursuit tout en restant en courbe de niveau et évoluant à 2 832m sur près d'1,2km. Certains névés restent là, blottis entre les roches, la chaleur du soleil les faisant fondre lentement, de fins filets d'eau s'écoulant alors sur le sentier. Le chemin descend ensuite légèrement afin d'atteindre une intersection, prenez alors sur la droite. Le Piz Boè se tient droit devant nous avec son sommet un peu arrondi, le soleil brillant au-dessus de lui.
- Les choses sérieuses sont ainsi prêtes à commencer, 300m de dénivelé positif sur 1,3km nous attendent. L'ascension commence doucement avec une vue imprenable sur la vallée en contrebas et le Piz Ciavazes. Le sentier se fait plus étroit, et grimpe rapidement formant des virages en épingles. Des silhouettes au-dessus de nous évoluent à un rythme régulier, certaines s'arrêtant afin de reprendre leur souffle, tandis que d'autres disparaissent et réapparaissent continuellement entre les blocs de pierre.
Certains passages restent toutefois délicats. Les doigts s'agrippant à la roche, les doigts puis la main se refermant sur celle-ci, un pied en appui et l'autre s'élevant avec le poids du corps vers l'avant afin de monter et d'atteindre un nouveau palier. Plusieurs endroits sont aménagés avec des câbles en acier le long des parois et des échelles afin de faciliter l'ascension. Les derniers mètres sont devant nous, l'intensité de l'effort se fait ressentir dans les muscles, les cuisses et les mollets se contractant à chaque pas.
A présent au sommet à 3 151m, avec cette vue imprenable à 360°, l'air se rafraichit et s'intensifie. Le sommet du Piz Boè est alors atteint. Il Rifugio Capanna Piz Fassa est l'idéal pour s'arrêter quelques instants et boire quelque chose de chaud.
- Après avoir profité de la vue de longues minutes, il est temps de redescendre. La clarté de la roche calcaire contraste avec le ciel d'un bleu vif d'une belle journée. Sur certaines parois, un rose poudré s'échappe de la roche avec un dégradé vers la couleur ocre, plus soutenue.
Au bout de 800m, un chemin sur la droite, descendant de 30m amenant jusqu'à une étendue d'eau, à flanc de la montagne attire mon attention. A ce point, le spectacle est déroutant, les montagnes se reflétent au travers de l'eau, ruisselant entre les pierres. Une vive flore verte essayant d'exister. On se rend ainsi compte qu'à l'endroit où l'on ne pensait qu'il n'y avait plus de vie, elle essaye toutefois de se frayer un passage.
- Nous reprenons la route vers Saas Pordoi, pour rejoindre Il Rifugio Maria et manger un bon plat chaud.
Alternatives :
Vous pouvez également prendre le départ de Passo Pordoi pour atteindre le Rifugio Forcella Pordoi, soit 590m de dénivelé positif. A partir du Piz Boé, vous pouvez rejoindre le Rifugio Boé (2 871m) par le sentier n°638 pour ensuite regagner le sommet Eisseespitze (3 009m) par le sentier n°672.
Comme le dit très bien Gaston Rebuffat dans Etoiles et tempêtes "Les Dolomites ont besoin de la bonté du soleil. Sans lui, elles sont fades, ternes, apathiques, tantôt gris sale, tantôt jaune délavé. Mais il suffit d'un rayon pour les faire naître".
Cependant lorsque les rayons du soleil essayent de percer en vain ces épais nuages, l'atmosphère est si particulière, les nuages se confondant avec la pâleur de la roche.
